J'ai écrit un petit texte sur Vérone à l'occasion des un an de son adoption, et je m’aperçois que je l'ai posté partout sauf sur le forum... erreur rectifiée!!
Le chemin de Vérone a croisé le mien fin 2006 alors que je travaillais au refuge des Clochards Poilus de Tabanac: nous devions alors accueillir les chiens d'un élevage de "thaïs ridgebacks" ou "chiens thaïlandais à crête dorsale" afin de leur éviter l'euthanasie: c'est fort intrigués et impatients de rencontrer des spécimens de cette race très rare en France que nous avons vu arriver la fourgonnette de l'éleveur. Un grand mâle magnifique trônait sur le siège passager. "Lui, je le garde" nous a prévenus l'éleveur en se dirigeant vers son coffre pour en sortir des chiens qui eux ne ressemblaient en rien au standard de la race car seule une crête sur leur échine les distinguait de nos bons vieux corniauds... Nous avons aussi observé que les égards employés par l'éleveur vis à vis de ses chiens étaient étroitement liés à leur pédigrée: c'est effectivement sans ménagement que celui ci a débarrassé son coffre de ces"sous produits", les tirant par la peau du cou pour les amener dans les enclos. Nous étions très étonnés devant le caractère placide de ces chiens complètement dénués d'agressivité face à ces manipulations pourtant brutales et nous avons saisi la mesure du travail à accomplir quand nous les avons vus se ruer dans les niches (voire même dessous quand l'interstice y était suffisant). J'ai d'ailleurs un souvenir très curieux, je me rappelle m'être approchée de Vérone qu'on apercevait à peine au fond d'une niche, j'ai essayé de la rassurer en lui parlant mais elle m'a grogné en retour! J'ai alors eu une prise de conscience très claire: j'ai su qu'un jour je l'adopterais, j'ai repoussé cette pensée la jugeant absurde vu mon attrait pour les vieux chiens aux couleurs de vaches normandes... comme quoi!
Les mois qui ont suivi ont été plus que délicats, les thaïs restaient terrés dans leurs cachettes, ne sortant que la nuit pour manger leurs croquettes. Nous désespérions de pouvoir créer un lien car nos tentatives d'approche ne faisaient que pousser encore plus loin les thaïs dans leurs retranchements. Aussi, vous imaginez bien notre inquiétude quand Vérone a réussi à s'enfuir de son enclos! Nous avons mis des semaines à la récupérer et nous n'y serions d'ailleurs jamais arrivés sans l'aide d'un voisin qui lui donnait à manger.
Le temps passait, les mois sont devenus des années et nos pensionnaires ont timidement commencé à sortir de leur réserve. Si nous ne pouvions toujours pas les approcher, leur attachement à notre égard devenait manifeste: ça piétinait sévère quand on entrait dans le box! Alors, nous découvrions enfin leurs personnalités: le charismatique Vrac, les timides Vigo et Vulcain ainsi que Vérone et Vox, les 2 sauvageons qui nous donnaient du fil à retordre. Nous ne pouvions effectivement toucher ces derniers que du bout des doigts et au final, nos contacts se résumaient à les laisser nous renifler les fesses. J'avais pourtant un rapport très privilégié avec Vérone qui me manifestait un attachement très clair si bien que quand mon contrat de travail s'est terminé, j'avais atteint avec elle une complicité telle que j'arrivais enfin à la câliner (un privilège que Vérone me réservait).
La page du refuge s'est tournée et je n'ai donc plus vu Vérone que très rarement. Mais chacune de nos rencontres me remuait car elle me reconnaissait. Elle restait sauvage mais avait jeté son dévolu sur Marie Noelle, une bénévole qui avait le droit aux grandes effusions. Je commençais à envisager de l'adopter mais vivant alors en appartement, ce n'était donc pas possible.
Fin 2014, j'ai enfin réalisé mon rêve: avoir une petite maison dans la prairie et de ce fait, la perspective d’accueillir Vérone! Nous avons attendu d'être installés et je suis donc revenue voir Vérone dans l'optique de re créer un lien avec elle. Si elle me reconnaissait, elle restait très réservée... J'avais peur qu'elle ne m'accorde jamais sa confiance (encore plus concernant mon compagnon vu sa peur des hommes). Aussi, mes appréhensions se sont confirmées quand l'équipe du refuge m'a appris qu'elle chassait les chats et qu'elle pouvait être très agressive envers les autres chiens. De plus, j'étais désespérée de voir que les employés du refuge n'arrivaient toujours pas à la toucher et que seule Marie Noelle avait gagné sa confiance... Mon compagnon et moi avons alors convenu qu'il serait plus sage d'adopter un autre chien, plus "facile" qui ne mettrait pas en danger nos chats et notre chien.
Nous avons donc passé une après-midi au refuge où nous avons rencontré plein de poilus, tous plus mignons les uns que les autres mais aucune étincelle ne s'est produite, pas de coup de cœur. Avant de partir, j'ai quand même voulu présenter Vérone à mon compagnon, nous sommes donc allés nous asseoir dans son box et contre toute attente la miss s'est approchée de nous alors qu'elle ne connaissait pas du tout mon compagnon: "on peut tenter..." m'a t'il dit... J'ai acquiescé, j'avais vraiment envie de donner sa chance à Vérone.
Après plusieurs visites au refuge pour la promener et amorcer un lien, nous avons accueilli la miss chez nous. Après 8 années passées en refuge, nous ne doutions bien que c'était pas gagné et Vérone a été à la hauteur de nos appréhensions: elle passait ses journée terrée et restait complétement terrorisée par mon compagnon. Par contre, elle était indifférente aux chats et elle se montrait très douce envers notre vieux Tito. Mais son attitude prostrée nous préoccupait énormément: en témoignent mes coups de fils paniqués à Caro, ancienne collègue du Refuge et amie "Carooooo, je crois que Vérone est malheureuse avec nuuuuous"... Je la remercie encore de m'avoir rassurée en me disant que Vérone avait juste besoin de temps puis qu’aujourd’hui, nous avons pleinement réussi à ce qu'elle trouve sa place dans la famille. J'ai bénéficié de 2 solides appuis pour m'aider à conquérir le cœur de la miss: Sabrina et ses précieux conseils ainsi que Marie Noelle, la bénévole adorée par Vérone qui l'a rassurée par ses visites. Je les en remercie encore aujourd'hui car c'est aussi grâce à elles que Vérone est devenue la chienne joyeuse et sociable qui anime notre vie. Celle qui se cachait sous les meubles dés qu'on éternuait n'est qu'un lointain souvenir!
Vérone garde encore des blessures à guérir, des traumatismes à oublier et elle restera je pense toute sa vie, une chienne perturbée et fragile. Si par le passé entrer en contact avec elle a été difficile , aujourd'hui c'est trouver la juste distance qui pose soucis... Vérone est effectivement "collée" à moi, elle me suit à la trace, je dois d'ailleurs lutter pour ne pas qu'elle me suive aux toilettes ou sous la douche! Sa position préférée reste de fourrer sa tête sous mon aisselle. Aussi, elle refuse de manger si je ne suis pas à côté... Enfin, elle a du mal à couper le cordon... A tel point que nos nuits sont devenues très agitées: Vérone refusant catégoriquement de dormir dans son panier, préférant rester sur le lit avec nous... Et elle est têtue la chameau (en témoignent nos yeux cernés: "Kes t'as? ben ma chienne fait pas ses nuits alors je me bats avec elle pour avoir un peu de place sur le lit")...
Mes proches savent combien j'ai aimé (et j'aime encore...) éperdument mon Tito et je ne pensais jamais avoir la chance connaitre une histoire aussi précieuse que celle que j'ai vécue prés de lui et au final, j'ai la chance d'en vivre 2 autres: non seulement ma douce Vérone mais aussi Juanita, la tornade que nous avons elle aussi adoptée au refuge suite au décès de notre Tito en Septembre dernier. Cette dernière a beaucoup contribué à décoincer Vérone qui a du effectivement s'imposer face à ce Zébulon adorable!
Aujourd'hui ça fait un an jour pour jour que Vérone est rentrée dans notre vie pour l'éclairer de sa petite bouille de clown, avec ses séances de roulades dans le jardin, sa manie de promener les chaussons, sa truffe gelée qu'elle aime nous coller sur les cuisses quand on a pas de pantalon (îîîîîî), ses bains dans le crottin de cheval, sa mine de Droppy quand un chat lui mange sa gamelle et qu'elle attend qu'il veuille bien partir. Je me rends compte de la chance qu'on a de l'avoir avec nous tellement elle est exceptionnelle de gentillesse et de douceur alors je voulais lui rendre un petit hommage en racontant son histoire et peut être par là, vous donner envie d'en vivre une aussi... Qui sait... D'autant plus que Vox, Vulcain et Vigo attendent eux aussi leur tour....